Par l’association de l’arboriculture et du maraichage diversifié sur une même parcelle, les vergers-maraichers offrent de nombreuses perspectives de recherche. La diversification et l’association de cultures sont au cœur de ces systèmes qui parient sur les complémentarités entre espèces pour minimiser les risques. Cependant, l’adage « Ne mettez pas tous vos œufs dans le même panier ! » ne précise pas combien et quels paniers doivent être utilisés et comment les œufs qui les composent devraient être distribués. Raphaël Paut, en troisième année de thèse à l’INRA d’Avignon, propose une piste de réponse grâce à sa méthode publiée dans son article récemment publié dans la revue scientifique Agricultural Systems.
Dans un contexte horticole, il s’agit de trouver les bonnes combinaisons de cultures en privilégiant des espèces qui se comportent différemment face à un même environnement. Moins le rendement d’une culture est corrélé à celui d’une autre culture, plus il est avantageux de diversifier la production entre ces cultures.
A partir de l’analyse des rendements de 44 cultures horticoles dans le Sud-Est de la France, Raphaël a modélisé toutes les paires possibles de ces cultures afin de déterminer des stratégies de diversification potentiellement intéressantes.
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En appliquant la « théorie du portefeuille » (une théorie financière développée dans les années 50) à la diversification des systèmes horticoles, il est parvenu à quantifier les bénéfices d’une diversification pour un large éventail de cultures. A cet égard, la théorie du portefeuille permet de mieux comprendre les compromis entre le risque et le rendement attendu dans des systèmes diversifiés. Elle permet également d’identifier des stratégies pertinentes de diversification basées sur la réduction des risques.
Perspectives :
On s’attend à ce que cette approche puisse servir d’outil pour optimiser des portefeuilles comprenant un plus grand nombre de cultures. Par ailleurs, les résultats présentés ici illustrent le cas spécifique des systèmes horticoles. Toutefois, le modèle développé dans cette étude ne requiert que le rendement et la variabilité des cultures, qui sont des données largement disponibles et utilisées, pertinentes pour la plupart des systèmes agricoles. La méthode développée ici, et les conclusions, peuvent ainsi avoir des implications plus larges pour d’autres systèmes agricoles basés sur une diversification, y compris lorsque l’arbre à bois devient une culture à part entière !
Raphaël Paut, ingénieur agronome, est en troisième année de thèse à l’unité de recherche Ecodéveloppement, à l’INRA d’Avignon. Sa thèse porte plus globalement sur la compréhension et la modélisation des itinéraires techniques en agroforesterie maraichère. L’objectif de ce travail est de donner à voir la diversité des systèmes de vergers-maraichers, en proposant des cadre d’analyse et des clés de compréhension de la relation diversité-complexité en contexte agroforestier.
Contact : raphael.paut(at)inra.fr