Revue de presse scientifique #1

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Une nouvelle rubrique dans les actualités : la revue de presse scientifique !

Une revue de presse scientifique sur l’agroforesterie : c’est la nouvelle rubrique que le RMT AgroforesterieS vous propose dans ce fil d’actualités !

Régulièrement, nous publierons une sélection des dernières publications scientifiques concernant l’agroforesterie au sens large. Par publication scientifique, nous entendons tous les articles scientifiques publiés dans des revues à comité de lecture, c’est-à-dire relus et validés par des pairs. Des entorses seront parfois faites, comme aujourd’hui, en publiant également des rapports d’organismes de recherche ou d’autres institutions.

Car tout le monde n’est pas anglophone, ce sont des traductions en français des résumés des publications que vous trouverez ici. Souvent, le texte intégral de l’article est réservé aux abonnés ou payant. Contactez-nous en cas de problème d’accessibilité !

Au sommaire de cette première revue de presse :

Producteurs, production, commercialisation et ventes de produits forestiers non ligneux aux États-Unis

Les produits forestiers non ligneux (PFNL) proviennent de populations naturelles ou cultivées de plantes ou de champignons, dans les forêts. Les récoltants et les producteurs tirent souvent profit des PFNL en les vendant pour générer des revenus. Cet article explore les recherches sur les producteurs, la production, la commercialisation et la vente des PFNL aux États-Unis, y compris le continuum de production allant de la récolte sauvage à l’agriculture forestière des PFNL, ainsi que leurs coûts et avantages. Des exemples spécifiques sont présentés, mais les concepts et les généralisations sont largement applicables à de nombreux PFNL aux États-Unis et dans d’autres parties du monde. L’intégration des PFNL dans la gestion forestière peut améliorer les possibilités économiques, mais elle augmentera aussi la complexité et nécessitera de trouver un équilibre entre des objectifs multiples et potentiellement contradictoires parmi une communauté diversifiée d’intervenants. Nous identifions les lacunes en matière d’information, notamment le besoin d’inventaires et de modèles de rendement des PFNL, la compréhension de l’effet des activités sylvicoles sur la survie et le rendement des PFNL, les séries chronologiques et les tendances de la collecte des PFNL par les ménages américains, l’identification des communautés vulnérables et marginalisées associées à la récolte des PFNL, ainsi que les motivations et les moteurs des cueilleurs.

Frey GE, Chamberlain JL, Jacobson MG, 2021. Producers, production, marketing, and sales of non-timber forest products in the United States: a review and synthesis. Agroforestry Systems. https://doi.org/10.1007/s10457-021-00637-3 (accès réservé aux abonnés)
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Proposition d’un cadre conceptuel et d’une méthodologie pour l’analyse de la relation entre la biodiversité et fonctionnement des écosystèmes dans les systèmes agroforestiers

Il existe des preuves irréfutables des effets positifs de la diversité végétale sur le fonctionnement des forêts et des agroécosystèmes. Ces informations sont de plus en plus utilisées pour optimiser les systèmes de production qui fournissent un large éventail de services écosystémiques. Alors que l’agroforesterie est activement promue pour l’intensification durable de l’agriculture et la restauration des paysages dégradés, il existe peu de connaissances sur les relations entre biodiversité et fonctionnement des écosystèmes (BEF) dans les systèmes agroforestiers. Étant donné que les relations BEF en agroforesterie peuvent être façonnées par des combinaisons de différentes formes de vie (par exemple, arbres, arbustes, herbes) et leurs interactions, les expériences menées dans les prairies et les forêts ne peuvent pas être facilement transférées à l’agroforesterie. Cela souligne la nécessité d’un nouveau type d’expérimentations en agroforesterie pour faire progresser notre compréhension du rôle de la biodiversité dans le fonctionnement de ces systèmes. Par conséquent, notre objectif était de développer un cadre conceptuel pour l’analyse des relations BEF dans les systèmes agroforestiers et de présenter une méthodologie exemplaire à cette fin, que nous avons placée dans un contexte (sub)tropical. Sur la base des critères utilisés dans les expérimentations sur la diversité des arbres, nous suggérons quatre grands principes de conception : 1) une approche basée sur les traits pour la sélection des espèces d’arbres et de cultures, 2) l’intégration des arbres et des cultures le long d’un gradient de diversité fonctionnelle, 3) le maintien d’une densité constante à travers différentes combinaisons de formes de vie dans les agroforêts grâce au concept de « densité de parcelle en croissance », et 4) la séparation a priori des effets de la diversité des espèces sur le fonctionnement de l’écosystème de ceux de la diversité structurelle et fonctionnelle, définie ici comme la variation des attributs structurels tels que les dimensions des plantes et des traits fonctionnels des plantes, respectivement. Notre conception et les principes qui y sont intégrés offrent une voie prometteuse pour identifier les moteurs importants de relations spécifiques avec le BEF et pour quantifier les influences de la gestion sur ceux-ci. Ce cadre méthodologique peut soutenir de nouveaux projets de recherche qui visent à améliorer le fonctionnement de l’écosystème de l’agroforesterie en vue d’optimiser la fourniture de services écosystémiques et de faciliter la restauration de l’écosystème.

Schwarz J, Schnabel F, Bauhus J, 2021. A conceptual framework and experimental design for analysing the relationship between biodiversity and ecosystem functioning (BEF) in agroforestry systems. Basic and Applied Ecology. https://doi.org/10.1016/j.baae.2021.05.002 (accès réservé aux abonnés)
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Carbone du sol des haies et des « haies fantômes »

L’agroforesterie peut contribuer de manière significative au piégeage du carbone dans les terres agricoles, car le carbone s’accumule à la fois dans la biomasse des arbres et dans le sol. Les champs bordés de haies sont l’une des formes d’agroforesterie les plus anciennes, mais en déclin, en Europe. Une analyse des cartes historiques de notre zone d’étude en Belgique montre que 70 % du réseau de haies a été défriché depuis 1960, créant un grand nombre de « haies fantômes ». Nous avons sélectionné des champs arables à proximité de haies, de « haies fantômes » et de bandes enherbées pour étudier l’influence des arbres des haies sur les stocks de carbone organique du sol (SOC) et la proportion de ces stocks qui reste présente après le défrichement des haies. Les stocks de SOC à une profondeur de 23 cm ont atteint 81,7 ± 28,8 Mg C /ha dans les haies, stockant une quantité considérablement plus importante de carbone du sol par rapport aux bandes enherbées (56,6 ± 14,5 Mg C /ha). Ces stocks accumulés ont complètement disparu dans les « haies fantômes » (57,9 ± 14,1 Mg C /ha). Dans les champs adjacents aux haies, les stocks de SOC n’ont augmenté que légèrement (et de manière insignifiante) par rapport aux stocks des champs avec des bandes enherbées (56,4 ± 6,3 contre 55,6 ± 5,0 Mg C /ha) avec une décroissance exponentielle jusqu’à 30 m de la marge. Cette tendance était encore détectable de façon limitée dans les champs bordés de « haies fantômes », mais les stocks n’étaient plus aussi élevés (53,9 ± 6,1 Mg C /ha). Depuis 1960, 4 957 ± 1 664 Mg C provenant uniquement du sol ont été libérés dans l’atmosphère en raison de la suppression des haies dans la zone d’étude. La mise en œuvre d’une politique stricte de conservation des haies serait donc une mesure d’atténuation du changement climatique très efficace dans les paysages agricoles.

Van Den Berge S, Vangansbeke P, Baeten L, Vanneste T, Vos F, Verheyen K, 2021. Soil carbon of hedgerows and ‘ghost’ hedgerows. Agroforestry Systems. https://doi.org/10.1007/s10457-021-00634-6 (accès réservé aux abonnés).
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Le maraîchage comme moyen de diversification pour les producteurs de fruits dans la vallée de Goulburn en Australie

Dans le monde entier, pénuries d’eau, pressions sur les coûts et restructurations des marchés agricoles ont conduit à la diversification des exploitations. Les exploitations de fruits à pépins et à noyau de la Goulburn Valley (GV), dans le bassin de Murray-Darling en Australie, sont de bons exemples à étudier pour analyser les conditions dans lesquelles les cultures alternatives peuvent garantir les conditions de vie. Cette recherche utilise une approche mixant les méthodes pour évaluer la viabilité de la production de légumes dans la région de GV. Les données quantitatives et qualitatives recueillies auprès de sources primaires et secondaires ont été analysées dans le cadre conceptuel de « l’opportunité et la capacité de diversification ». Les facteurs biophysiques favorables de la région de GV ainsi qu’un retour sur investissement positif de la production de légumes (comparable à celui de la production de fruits) permettent aux producteurs de fruits de la région de diversifier leurs cultures. Les facteurs socio-économiques, notamment la perte de marché pour les cultures fruitières, le soutien de la famille et du groupe de pairs ou encore la flexibilité de la production de légumes, ont favorisé la diversification des cultures. Les facteurs qui ont empêché les producteurs de fruits de se diversifier sont entre autres le risque pour les activités existantes, le capital bloqué dans les infrastructures liées aux fruits et le manque de connaissances en matière de commercialisation des légumes. L’approche met en évidence les facteurs sous-jacents de la diversification des cultures qui peuvent être appliqués à n’importe quelle région par les structures de développement agricole pour évaluer le potentiel de diversification.

Gupta D, Davidson B, Hill M, McCutcheon A, Singh Pandher M, Hatton-MacDonald D, Hamilton AJ, Mekala GD, 2021. Vegetable cultivation as a diversification option for fruit farmers in the Goulburn Valley, Australia. International Journal of Agricultural Sustainability. https://doi.org/10.1080/14735903.2021.1923286 (accès réservé aux abonnés)
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Conception d’une expérience de terrain à long terme d’agroforesterie biologique à partir des connaissances des acteurs en vue de la durabilité du système alimentaire

La mise en œuvre des principes de l’agroécologie dans le cadre de la recherche sur l’agriculture biologique est essentielle pour redéfinir des systèmes agroalimentaires durables. Pour assurer cette transition, il faut répondre à la demande locale de recherche en impliquant directement toutes les parties prenantes dans le processus de recherche. La première étape est l’implication des agriculteurs et des techniciens, dans le but de restaurer leur rôle décisionnel, en faisant passer la gouvernance à l’échelle locale. La co-conception/co-gestion d’expérimentations à long terme (ELT) peut être cruciale pour mener la transition décrite ci-dessus par le biais de la mise en réseau et des activités participatives. Dans cette étude, nous rapportons l’expérience de co-conception d’une nouvelle ELT, en verger-maraichage, dans le sud de l’Italie par des acteurs locaux et des scientifiques. Grâce à une méthodologie de recherche-action participative, l’ETL a été appréhendée comme si c’était une composante biophysique d’un living-lab agroécologique. Le living-lab ici est un environnement public-privé visant à concevoir un système alimentaire local. La mise en place d’essais parallèles, co-conçus également, sur le terrain dans des fermes satellites représente l’autre composante biophysique, tandis que la plateforme des acteurs représente la composante sociale. Un processus étape par étape est présenté à travers la définition d’objectifs communs, qui met en évidence l’intérêt des acteurs biologiques locaux à partager des idées et des perspectives pour le territoire, et souligne la nécessaire inclusion des utilisateurs finaux (les consommateurs) dans le processus pour assurer la transition vers des systèmes alimentaires durables.

Ciaccia C, Testani E, Diacono M et al., 2021. Organic agroforestry long-term field experiment designing through actors’ knowledge towards food system sustainability. Sustainability (MDPI) 13, 5532. https://doi.org/10.3390/su13105532 (accès libre)
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L’Agroforestry Academy : évaluation des résultats et des impacts à long terme d’un programme de formation aux Etats-Unis

Les taux d’adoption de l’agroforesterie dans les régions tempérées restent faibles, malgré ses multiples avantages. Pour mieux comprendre la relation entre l’apprentissage de l’agroforesterie et son adoption, il est nécessaire d’examiner les programmes éducatifs en agroforesterie dans leur contexte. Cette étude représente le premier exercice de suivi des anciens participants de l’Agroforestry Academy, un programme de formation en agroforesterie en milieu tempéré d’une semaine pour les professionnels des ressources naturelles et les agriculteurs, organisé chaque année par le Centre d’Agroforesterie de l’Université du Missouri (Etats-Unis). Les objectifs étaient d’évaluer l’apprentissage des participants et les résultats de l’adoption, de comprendre quelles expériences d’apprentissage ont contribué le plus significativement à l’adoption, et de recommander des changements à la programmation de l’Agroforestry Academy. Bien que la majorité des anciens participants aient adopté l’agroforesterie sous une forme ou une autre, les résultats ont montré que les apprenants agriculteurs et non agriculteurs abordent l’enseignement de l’agroforesterie avec des besoins, des objectifs et des contextes de mise en œuvre différents. L’animation des réseaux mixtes (diversité des participants pour éviter le cloisonnement agriculteurs vs. non-agriculteurs) de connaissances et d’apprentissage est apparue comme un point clé dans lequel l’Académie pourrait accroître le soutien à l’adoption de l’agroforesterie par les agriculteurs et les non-agriculteurs et constitue un champs de recherche à approfondir.

Mendelson S, Gold M, Lovell S, Hendrickson M, 2021. The agroforestry academy: assessing long-term outcomes and impacts of a model training program. Agroforestry Systems 95, 601-614. https://doi.org/10.1007/s10457-021-00604-y (accès libre)
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Quelles recherches pour et sur l’agroforesterie à INRAE ? Rapport de synthèse

Les relations entre arbres et agriculture, souvent conflictuelles jusque dans un passé récent, doivent être aujourd’hui envisagées de manière renouvelée, notamment sur la base d’associations d’une large gamme d’espèces présentant des complémentarités aux échelles de la parcelle et du paysage. Les pratiques agroforestières ont prouvé leur intérêt notamment dans : (1) la réduction du ruissellement et de l’érosion des sols ; l’amélioration de la structure des sols de l’activité microbienne, du taux d’infiltration, de la disponibilité en eau et en nutriments des sols ; (2) l’augmentation de la productivité globale des mélanges par rapport aux monocultures en raison d’une complémentarité de niches entre les espèces ; (3) la fourniture d’habitats ou de corridors pour les mouvements de nombreuses espèces, notamment les auxiliaires utiles au contrôle biologique des bioagresseurs ; (4) la diversification des productions à l’échelle de l’exploitation.

La transition agroécologique fait émerger de nouveaux enjeux pour la recherche et les travaux sur et pour l’agroforesterie y ont toute leur place, sur des thèmes aussi prioritaires que la multifonctionnalité de l’arbre ou des associations agroforestières, y compris en termes de fourniture de services autres que la production, tels que l’atténuation du changement climatique ou l’adaptation à ses effets. Le récent rapport de la FAO sur l’état de la biodiversité pour l’alimentation et l’agriculture dans le monde met en évidence un progrès de l’agroforesterie dans de nombreux pays. Selon les estimations faites pour la période 2008-2010, plus de 5 millions de km2 de terres agricoles présentent une couverture arborée d’au moins 20 %, soit une augmentation de 1,8 % depuis 2000. L’agroforesterie est fréquemment au cœur des programmes de développement, en appui à l’amélioration des conditions de vie des agriculteurs, au développement d’une agriculture « climato-intelligente », à la conservation de la biodiversité et à la restauration des sols. De la même manière, le rapport spécial du GIEC sur l’usage des terres a identifié l’agroforesterie comme un levier susceptible d’être actionné avec un effet très positif sur l’atténuation, l’adaptation au changement climatique et la sécurité alimentaire, ainsi que dans la lutte contre la désertification ou la dégradation des terres. En particulier, les systèmes agroforestiers peuvent jouer un rôle pour répondre à l’objectif du « 4 pour 1000 ». A l’issue des Directoriales 2019, plusieurs départements de recherches d’INRAE qui avaient mentionné la question des recherches sur les systèmes agroforestiers dans leurs rapports et présentations ont été sollicités par le collège de direction en vue de participer à une réflexion globale sur la stratégie de l’institut sur ces objets, le DS Environnement étant désigné comme référent pour le collège de direction. Outre la réalisation d’un état des lieux, l’objectif était d’identifier les priorités pour les recherches sur et pour l’agroforesterie au sein d’INRAE, afin qu’elles puissent ensuite être positionnées dans le projet global INRAE 2030 et dans les Schémas Stratégiques des départements de recherche d’INRAE concernés. Un groupe de travail a été constitué. Il réunissait 19 expert.e.s INRAE ou membres d’UMR INRAE, issus de 7 départements (ACT, AgroEcoSystem, BAP, ECODIV, EcoSocio, PHASE et SPE) et travaillant dans 18 unités de recherche ou expérimentales. Il a été animé par le DS Environnement et son équipe. Après avoir cartographié le dispositif scientifique et expérimental INRAE mobilisé, le groupe a réalisé une analyse SWOT détaillée. Il a ensuite travaillé à identifier et hiérarchiser les priorités pour la recherche INRAE et les besoins de compétences. Pour cela, des sous-groupes ont été mis en place sur 5 thèmes : 1. Processus d’acquisition des ressources et d’interactions entre le sol et les autres composantes (arbre/culture/linéaire sous-arboré) dans les systèmes agroforestiers ; 2. Productions agricoles ; 3. Services écosystémiques rendus par l’agroforesterie à l’échelle du paysage ; 4.Perception et valeurs symboliques de l’agroforesterie des territoires ruraux ; 5. Questions génériques. Les productions de ces groupes sont présentées dans les Annexes 1 à 5 de ce rapport.

Caquet T, Alaphilippe A, Bertrand I, Charru M, Deconchat M, Desclaux D, Deytieux V, Gascuel C, Ginane C, Le Gouis J, Marron N, Mézière D, Moulia B, Novak S, Picon-Cochard C, Savoie A, Stokes A, Subervie J, Thenail C, Viaud V, 2020. Chantier Agroforesterie – Rapport de synthèse. INRAE. https://hal.inrae.fr/hal-03224593/document (accès libre)
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